Connaître les paradis artificiels sans drogues

Connaître les paradis artificiels sans drogues

Adolescent, je n'étais pas très passionné par le sport et les activités physiques. J'étais plutôt un grand amateur de lecture. Je pouvais dévorer plusieurs livres par semaine, sans jamais me lasser. À cette époque propice aux questionnements existentiels, un livre m'était particulièrement cher, à tel point que j'en avais fait mon livre de chevet, objet précieux que je consultais régulièrement et que j'ai encore dans ma bibliothèque aujourd'hui. Il s'agit d'un livre au titre improbable : Le livre des extases : 250 façons de connaître les paradis artificiels sans drogues. Assez vendeur, n'est-ce pas ? Je pense toutefois qu'il est aujourd'hui introuvable (tout de même, pour le plaisir, son auteur se nomme Edward Rosenfeld).

Je trouvais dans cet ouvrage tout ce qu'il me fallait, moi, le jeune homme qui était avide d'expériences. J'étais curieux de trouver des moyens de voir la vie autrement, curieux de voir ce que c'était que de modifier sa conscience. J'étais aussi curieux de le faire en empruntant d'autres chemins que ceux utilisés traditionnellement par la jeunesse... Le livre était truffé d'exemples. Ce pouvait être par des moyens très simples (tourner sur soi-même ou le rire matinal zen, que j'aimais beaucoup !) et ça allait jusqu'aux expériences mystiques (retraite dans le désert, jeune, méditation). J'ai expérimenté diverses techniques, parfois de façon amusée, parfois avec un réel engagement. Avec le recul, je pourrais même dire que c'est ce livre qui est à l'origine de la série de spectacles que j'ai faits il y a quelques années et qui explorait la modification de la conscience chez l'acteur (les laboratoires Crête).

Oui, mais… Quel est le rapport avec l'épisode de Hors-Série de cette semaine, me direz-vous ? Eh bien, en regardant avec émerveillement (et envie !) les traceurs faire corps avec le mobilier urbain, en voyant leur exaltation devant la réussite d'un obstacle surmonté, en découvrant la philosophie derrière cette passion qui, pour moi, transformait cette simple activité physique en quelque chose de beaucoup plus grand, j'ai tout de suite associé leur passion avec celle qui m'habitait, adolescent, et qui est encore présente chez moi aujourd'hui : trouver le moyen de vivre une forme d'extase à travers le corps et l'esprit, pour aller au-delà des perceptions et des limitations qu'on peut avoir de soi-même et de la réalité. « Tracer » semble complètement allumant, et semble aussi allumer complètement ! Je pense que si on m'avait initié au parkour alors que j'étais plus jeune, j'aurais sûrement délaissé mes livres quelques instants...

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